Ici une biographie des écrits de Marina Tsvetaeva durant son séjour à Clamart de 1932 à 1934.
101, rue Condorcet, 1932
Essais :
– L’Art à la lumière de la Conscience,
– Art et Moral,
– Épopée et Lyrisme dans la Russie Contemporaine,
– Mon frère féminin, lettre à l’Amazone1
Textes en prose :
– Le Diable,
« diable mal-aimé de son enfance lui a enseigné la vraie solitude qui est une condition même de la création ».
Dédiés à la mémoire de Volochine :
– Vif sur le Vif : souvenirs,
– Ici Haut, poèmes,
Anonymat de la création féminine, Clamart, juillet-août 1932.
Ce ne sont pas des femmes, c’est une femme, toujours la même, c’est le grand anonymat féminin, l’immense Inconnu féminin (l’immense Méconnu…)
Nous nous reconnaissons au moindre signe, sans moindre signe. Je revendique mon droit d’écrivaine, e muet, si longtemps muet.
Quand une femme écrit, elle écrit pour toutes qui se sont tues — mille ans et se taisent encore — et se tairont.
Ce sont elles qui écrivent par elle.
– Que de choses, je n’aurais pas comprises si j’étais née homme
– Et que de choses vous auriez comprises.
– Lesquelles ? Tout ce qu’un homme peut faire, les femmes (ou du moins quelques-unes) la femme l’a fait : Jeanne d’Arc (guerre) Sonja Kovaleskaïa (mathématiques), ou peut le faire un jour, car je ne vois pas que la musique (en cas où l’on me reprocherait l’absence d’un Beethoven féminin) soit plus éloignée de la femme que les mathématiques.
Un homme n’écrira jamais les « Lettres à la religieuse portugaise ».
Un seul l’a fait – Rilke, mais qui voudra du mot homme pour lui, même au sens d’humain ?
1. Mon frère féminin, lettre à l’Amazone
C’est à la suite d’une visite, en novembre-décembre 1932, à Natalie Clifford Barney, qui fait partie du comité d’entraide assurant mensuellement une aide matérielle à Tsvetaeva, que Marina écrit en français à Clamart Mon frère féminin – Lettre à l’Amazone. Recopié et revu en 1934 à Vanves « avec un peu plus de cheveux gris. » Mon frère féminin- Lettre à l’Amazone est une réponse à Pensées d’une Amazone écrit en 1920 par Natalie Barney. Tsvetaeva « poète pensant » soulève la question du non-accomplissement de l’amour lesbien empêché par l’impossibilité de satisfaire naturellement le « désir d’enfant. » Natalie Clifford Barney, l’Amazone, née le 31 octobre 1876 à Dayton, décédée le 2 février 1972 à Paris, est une femme de lettres américaine qui « par son indépendance d’esprit, sa liberté de mœurs, son charme exceptionnel, son esprit et son intelligence a joué un rôle important dans le Paris de la Belle Époque.» Miss Barney a voulu recréer une école de femmes-poètes dans son salon littéraire, 20 rue Jacob et accueillit les écrivains et artistes les plus représentatifs du monde occidental : Joyce, Proust, Colette, Renée Vivien, Jouhandeau… Une partie des archives de Natalie Clifford-Barney datant de l’entre-deux-guerres a été dispersée. Il subsiste peu de documents éclairant les liens de Tsvetaeva et la réception par Natalie Barney de la Lettre à l’Amazone ; mais la lecture des Nouvelles pensées à l’Amazone de Natalie Barney peut nous livrer des éléments de compréhension.
10, rue Lazare-Carnot, 1933 à 1934
– Neuf lettres avec une dixième retenue et une onzième reçue (Les Nuits florentines).
– L’Ode à la marche à pied, poème.
– La Table, cycle de poèmes sur la fidélité à sa vocation poétique.
– L’Esprit Captif, écrit après la mort du poète Biely, 8 janvier,
– 9 lettres avec huit reçues et une retenue,
– La dernière lettre, au jeune poète Nicolaï Gronski,
qui clôt leurs échanges épistolaires mêlant sentiments maternels amoureux et possessifs, conversations littéraires, demandes de services. Nicolaï Gronski périra accidentellement sur les rails de la station Pasteur l’année suivante.
Par pure coïncidence, la première lettre de la correspondance avec le jeune poète Gronski datée de 1928 et la dernière de 1932 sont des invitations à se retrouver à Clamart ! La première pour la lecture du Phèdre de Tsvétaïéva chez des amis, et la dernière, pour une projection à Clamart du Fièvre de Louis Delluc !
Écrits sur la mémoire familiale :
– La Maison du Vieux Pimène,
– Mon père et son musée,
En français :
N’oublie jamais que chaque instant de ta vie tu es à l’extrême limite du temps et qu’à chaque point du globe (place que tes deux pieds occupent) tu es aux dernières limites de l’horizon.
C’est toi — l’extrême limite du temps.
C’est toi — l’extrême limite de l’horizon.
Mieux : — C’est toi — l’extrême limite du temps.
C’est toi — les confins de l’horizon.
Le plaisir le plus vif de ma vie a été d’aller seule et vite, vite et seule.
Mon grand galop solitaire.
Le jour de mon quarantième anniversaire j’écrirais sur mes tablettes : Quarante ans de noblesse.